Un héritage religieux précieux : le groupe épiscopal de Fréjus
LE GROUPE EPISCOPAL DE FREJUS
La cité épiscopale de Fréjus comprend l’Eglise de Notre-Dame et l’Eglise Saint-Etienne toutes deux accolées, le baptistère paléochrétien ainsi qu’un cloître et un palais épiscopal. Le groupe épiscopal a été classée Monument Historique depuis 1908.
LA CATHEDRALE SAINT-LEONCE
La cathédrale placée sous le vocable de la Vierge et de Saint-Léonce (évêque de Fréjus 419-433) fut bâtie au Vème siècle après J.C. Sa situation géographique laisse penser qu’elle a pu être construite sur un ancien temple antique.
Au XIème siècle au Moyen-Age, une église a rejoint la cathédrale adossée l’une à l’autre de manière parallèle et contiguë. Elle fut allongée au XIIème siècle et devint l’église paroissiale (de nos jours nef Saint-Etienne).
Le complexe peut donc être identifié comme une „église double“.
Au nord de l’église était installé un des premiers exemples de cimetière à l’intérieur d’une ville en Gaule du sud, ici cimetière paroissial.
AU XIIIème siècle, la nef Notre-Dame fut reconstruite. Dans son axe, une tour-clocher est soutenue grâce à une élévation des piles. Cette tour fut restaurée après la Seconde Guerre mondiale mais date réellement du XVIIIème siècle pour sa partie basse et du XVIème siècle pour le tambour octogonal et sa flèche.
A l’est, une abside est ajoutée et se voit surmontée d’une tour ouverte à la gorge et donne à l’ouvrage un aspect fortifié, caractère peu habituel pour l’architecture méditerranéenne. L’inspiration de cette tour vient du clergé qui souhaitait affirmer son pouvoir militaire et même dissuader l’ennemi.
A L’INTERIEUR DE LA CATHEDRALE – ARCHITECTURE ET DECOR
La Ville de Fréjus est située en Provence et connaît une importante sécheresse quotidienne. Un problème se pose : aucun point d’eau autour de la ville ne fournit assez de quantité pour répondre à tous les besoins en eau.
A l’entrée, les portes extérieures actuelles datent d’une restauration du XVIème siècle et comportent des vantaux en bois de noyer sculptés Renaissance surmontés de fenêtres à croisées. Le linteau, élément architectural servant à soutenir la maçonnerie au-dessus d’une porte, datant de 1530, fut restauré au XVIème siècle au même moment que les portes. Cet aménagement entraîne la suppression de l’ancienne entrée qui donnait sur le cloître.
Concernant l’abside derrière le choeur, elle a été conçue en demi-cercle et présente un style „cul-de-four“, c’est-à-dire que la voûte prend la forme d’un quart de sphère et rappelle la forme du four à pain de l’époque. Deux tombes sont conservées à l’intérieur de l’abside : celle de Guillaume de Roffiac (1361-1364) ainsi que celle de Louis de Bouillac (1385-1405).
La nef dans une église définit la partie de l’Eglise comprise entre le portail et le choeur : c’est le plus grand espace de l’ensemble. Ici, deux nefs sont désormais accolées : celle de Notre-Dame qui tenait le rôle d’Eglise paléochrétienne et celle de Saint-Etienne, réservée à l’époque à l’évêque, puisqu’il s’agissait d’une cathédrale. La construction de cette grande nef et l’allongement de la nef latérale puis la jonction des deux nefs datent du début du XIIIème et XIVème siècle.
Les vitraux en place dans l’édifice sont récents et datent de 1980. A l’intérieur de l’une des chapelles de la nef Saint-Etienne, un retable, élément décoratif vertical constitué de décors sculptés en arrière de la table d’autel, est spécialement dédié à Sainte-Marguerite de J. Durandi. Dans le collatéral gauche, plusieurs statues représentent les évêques de Barthélemy Camelin (1599-1637) et de Pierre (1637-1654). Le crucifix est en bois et date du XVIème siècle. Dans le choeur, des stalles de 1441, rangées de sièges ici en bois de noyer, sont sculptés de gables ou encore de roses.
Au sujet de l’orgue, le buffet a été fraîchement réalisé en 1991 dans le Vaucluse par Pascal Quoirin s’inspirant des orgues italiens des XVIIème et XVIIIème siècle.
A l’entrée de la nef, des panneaux sont arrangés sur le côte gauche et retracent l’archéologie de l’ouvrage, des cartels proches des différentes curiosités, dans un but informatif. Pour plus d’informations, le bureau des Monuments Historiques met à disposition un dossier de présentation de la cité épiscopale, le CD inaugural de l’orgue ainsi que des objets de natures diverses.
LE BAPTISTERE PALEOCHRETIEN
Le baptistère, séparé de la cathédrale par un vestibule, date du Vème siècle et peut se qualifier comme le second plus ancien de France après celui de Poitiers : le sanctuaire est particulièrement bien conservé.
La salle des baptêmes est octogonale, de la même manière que la cuve conçue pour réaliser les baptêmes par immersion. La coupole est construite sur piliers, les pans sont coupés avec des absidioles contenant des sarcophages et des statues. Des colonnes de granite sont placées tout autour de la pièce : elles ont été réutilisées et proviennent d’un édifice romain.
Pour pénétrer dans ce monument, une large entrée a été rajoutée au XVIème siècle. La porte ainsi que la grille datent du XVIIIème siècle sous les ordres de l’évêque de Fleury, qui a exercé à Fréjus de 198 à 1715.
Le baptistère paléochrétien de Fréjus a été classé Monument Historique en 1908.
LA CEREMONIE CHRETIENNE DU BAPTEME
Le baptistère est bâti en dehors de la cathédrale car à l’époque, le baptême constitue un rite de passage : on n’entre pas dans la cathédrale avant d’être baptisé. Les salles dédiées à la cérémonie du baptême, les baptistères sont souvent de forme octogonale : il figure les sept jours de la semaine et le jour de la résurrection plus la vie éternelle.
Au IVème siècle, ce n’était pas les nouveaux-nés qui étaient baptisés, mais seulement les adultes. C’est durant les fêtes de Pâques que les catholiques se rendaient au baptistère pour que leurs péchés soient effacés. L’attente était longue, le baptême ne pouvait avoir lieu qu’une seule fois par année, et le pardon n’était octroyé qu’une unique fois aussi. Le baptême a commencé à devenir accessible pour les nouveaux-nés à partir du Moyen-Age.
LE CLOITRE DU GROUPE EPISCOPAL
Jusqu’au XIIème siècle, la Chapitre de Fréjus, traduisant des chanoines qui assistent l’évêque et avec leur tête un prévôt, se compose d’une dizaine de chanoines sous la direction de leur prévôt sous la tutelle de l’évêque, avec qui il partage revenus et logement. Ces biens ont été séparés dû à des désaccords : les chanoines s’installent au nord de la cathédrale, c’est le début de l’aménagement du cloître, qui servait de parvis à l’édifice religieux. La porte médiévale de la cathédrale est toujours reconnaissable aujourd’hui, mais demeure murée aux côtés de l’oculus qui la surmonte.
Des colonnettes doubles de marbre soutiennent la retombée des arcs brisés. Ces dernières sont sculptées en marbre de Carrare, taillées dans l’ancien podium de l’amphithéâtre romain. Une salle capitulaire située au sud au dessus du vestibule recevait les chanoines lors des délibérations.
Pour couvrir les galeries, une voûte en pierre avait été installée puis remplacée au XIVème siècle par une charpente de mélèze. Tous les caissons appartenant à la charpente ont été peints : les galeries présentent 1 200 caissons, dont 400 encore visibles aujourd’hui. Les décors sont variés : on retrouve des monstres, des Saints, des être hybrides, des animaux, des bustes, des scènes de la vie quotidienne, des ecclésiastiques… Ces réalisations au sein d’un cloître sont uniques en France.
La maison du Prévôt, au 1er étage, est composé d’une façade occidentale, d’une porte en arc brisé abritée par un assommoir, ouverture surplombant les alentours permettant de jeter des pierres sur l’ennemi.
Pendant la Révolution Française, le cloître fut vendu comme bien national, ce qui l’a beaucoup fait souffrir avant sa classification aux Monuments Historiques en 1875. L’architecte en chef des Monuments Historiques de 1922 à 1931, Jules-Camille Formigé, a restauré le cloître, son puit et le double escalier.
En 2008, de nouveaux travaux sont réalisés par l’architecte Francesco Flavigny avec la restitution de la toiture des galeries dans le but de valoriser le monument et de protéger le décor peint.
LE PALAIS EPISCOPAL
Au Vème siècle, au sud de la cathédrale fut aménagée la première demeure de l’évêque qui a été remaniée au XIème et XIIème siècle. Le château est devenu palais grâce au futur Pape Jean XXII, Jacques Duèze (évêque de 1300 à 1329). Plus tard, il fut délaissé par l’évêque de Fleury (ayant exercé de 1699 à 1715).
C’est à la mort de Msg de Castellane (évêque de 1715 à 1739) qu’un inventaire mobilier précis est partagé. Au rez-de-chaussée se trouvaient fonctions de services, chambres de domestiques, prison, réserves, entrepôt alimentaire, remise à carrosses, buanderie, écuries et boulangerie. Le 1er étage comportait les cuisines et offices, la salle à manger pour les domestiques, les pièces de services, la chambre pour le pain, le salon et les chambres réservés aux hôtes de l’évêque, les pièces de réception et salle à manger, des latrines ainsi que l’accès de l’évêque à la cathédrale.
Le deuxième et dernier étage était composé des pièces privées de l’évêque.
Pendant la Révolution Française, le palais épiscopal avait été vendu comme bien national tout comme le cloître paléochrétien. Il fut racheté par la Ville de Fréjus qui le restitue à l’église. Un tiers du palais d’origine survit à la rénovation de l’évêque de Richery (qui a exercé de 1823 à 1829) qui a détruit tout le reste de l’ouvrage.
En 1905, après la séparation de l’église et de l’Etat, Fréjus récupère son bien et transforme le palais épiscopal en hôtel de ville en 1912.
L’édifice est classé Monument Historique depuis 1908.